Quelle curieuse association que celle de « burn-out » et d’« opportunité » dans une même phrase ! Cette approche pourrait sembler provocatrice à ceux qui ont traversé cette épreuve qu’est un burn-out et affronté la détresse, le sentiment de vide et de solitude qu’il fait vivre. Cette proposition ne relève-t-elle pas d’une forme de logique productiviste qui consisterait à prôner que tout peut être utile, transformé ? Comment une maladie peut-elle être perçue comme une opportunité ? Parce que « ce qui ne me tue pas me rend plus fort » ? Peut-on tirer un enseignement de chaque moment douloureux de son existence ? Cet aphorisme empreint de positivité, répété aujourd’hui à l’envie peut en effet agacer. Mais de quoi parle-t-on ?
Caractérisé par un sentiment d’épuisement intense (se sentir vidé), un détachement émotionnel (ressentir une forme de cynisme vis-à-vis du travail) et une perte de confiance dans ses capacités[1], le burn-out a des causes identifiées, liées à « des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel » [2]. Malgré la levée d’un tabou sur le sujet ces quinze dernières années et l’évolution de la législation[3], la personne, déjà fragilisée, risque d’entendre bon nombre d’avis non autorisés lui expliquant qu’il s’agit du syndrome du bon élève excessivement (sur)investi, qu’à l’origine de tout cela il y a sa fragilité, qu’elle n’a pas su dire non à une surcharge de travail…Une double peine anxiogène et culpabilisante. Son rapport au travail et ses antécédents familiaux et personnels peuvent, en effet, peser dans la balance mais la réalité des risque psychosociaux est plus complexe.[4]
Alors, dans ce contexte où de nombreux facteurs échappent à la personne concernée, comment (ré) agir pour ne pas simplement subir ? L’évènement lui-même, le regard des autres, le retour au travail…Comment reprendre la maitrise de sa vie pour se sentir acteur, responsable et non pas coupable ?
Quelques mots pour ceux qui découvrent ici le coaching. Le coach a pour rôle d’accompagner son client pour qu’il trouve ses propres solutions et fasse émerger de nouvelles réponses face à un problème rencontré. Le client exprime une demande explicite et définit les résultats attendus. Par des exercices et des mises en situation, il va pourvoir définir ses options car, et c’est une bonne nouvelle, il y a toujours des options ! En favorisant l’acquisition de nouveaux comportements, le coaching va lui permettre de gagner en autonomie.
Concrètement dans le cas d’une situation de burn-out, faire appel à un coach peut être précieux à deux moments.
Lorsqu’elle commence à éprouver des difficultés et à se sentir dépassé, le coaching peut tout d’abord faire prendre conscience à la personne accompagnée de son état épuisement et l’inciter à consulter un médecin ou un psychologue.[5] Mais elle va également pouvoir se fixer un objectif et, grâce à la méthode des petits pas, l’atteindre.
Quel peut-être son objectif dans cette situation ? Par exemple, prendre de la distance par rapport à sa situation professionnelle en analysant ce qui se joue dans sa relation au travail et en faisant émerger et construire une ou des alternatives. Ou encore améliorer sa gestion du temps et l’organisation de ses activités en définissant des priorités et en apprenant à poser ses limites.
Dans une situation où l’on n’a pas ou peu de maitrise sur l’environnement, le coaching va contribuer, à faire évoluer nos croyances, à débusquer nos drivers de motivation (ces injonctions intégrées depuis l’enfance qui guident nos comportements) et à nous redonner confiance en nos ressources à un moment où l’on se sent justement incompétent car dépassé.
Lorsque malheureusement le burn-out est survenu, le coaching interviendra au moment de la convalescence lorsque les forces reviendront, à la suite ou en parallèle d’une prise en charge thérapeutique (médecin, psychologue).
Les questions qui surgissent alors sont « comment vais-je pouvoir reprendre ? » « Pourquoi ça m’est arrivée à moi ? », « de quoi ai-je besoin pour la suite dans ma vie professionnelle et peut-être dans ma vie – tout – court ? ».
Le client se fixera ses propres objectifs tels qu’entreprendre un changement de poste voire d’entreprise en se libérant de ses peurs, qu’être capable de désormais anticiper et prévenir les premiers signaux de rechute…
Poursuivre le coaching au moment de la reprise du travail lui permettra de tester en période “sécurisée” ses nouveaux comportements au travail et surtout cette nouvelle relation qu’il entretiendra désormais lui. A ce moment de sa vie, là où une thérapie questionnera les raisons de son engagement total dans son travail, d’une course à la reconnaissance par sa hiérarchie, même maltraitante, le coaching va lui donner les moyens de remettre en perspective cet investissement. Il questionnera notamment les risques réels encourus et ses besoins profonds. Il lui procurera les outils pour prendre ce recul nécessaire ou plutôt pour mettre à distance son environnement professionnel (car il ne s’agit ni de s’éloigner ni de s’effacer mais d’être pleinement présent). En prenant conscience du poids des drivers qu’il a intégrés, le client saura s’en libérer progressivement pour s’affirmer plus aisément, développer une posture en accord avec ce qu’il estime être adapté pour lui.
Le coaching s’avère donc être, avant et après sa survenue, un outil puissant du « guide de survie » au burn-out. Mais, au-delà de cette situation d’urgence, la démarche aura pour la personne accompagnée des impacts sur sa vie personnelle en lui offrant ainsi l’opportunité d’aller plus loin dans le changement.
Un des effets sera de contribuer à ce qu’elle trouve un meilleur équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie privée en remettant le travail à sa juste place, comme on peut le faire de quelqu’un qui ne vous a pas respecté à un moment donné. Elle sera ainsi plus disponible pour sa sphère extra professionnelle, avec en prime tout le (re)gain d’énergie économisée à ne pas s’épuiser dans son travail. Elle éprouvera, en outre, la satisfaction et la fierté d’avoir surmonté l’épreuve, renforçant ainsi son estime d’elle-même, et cela dans tous les aspects de son quotidien.
Par ailleurs, la prise de conscience qui opérera sur le plan professionnel et la mise en place de nouveaux réflexes pourront être déployées dans sa sphère privée, par exemple, dans le cadre de relations conflictuelles, ou encore pour réduire sa charge mentale et apprendre à prioriser ou à déléguer. Le champ des possible est vaste.
Ce repositionnement lié à la survenue d’un burn-out est essentiel, le coaching aide à le surmonter et à le dépasser mais il n’est pas seulement une des clés de la résilience professionnelle, il donne aussi celles pour devenir pleinement auteur d’une nouvelle page de sa vie. Perspective enthousiasmante !
[1] Les organisations chargées de la santé au travail comme l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité) ont établi trois dimensions au burn-out :
L’épuisement émotionnel
Comme lors d’un épisode de dépression, le salarié se sent vidé de ses ressources émotionnelles.
La dépersonnalisation
Le salarié éprouve des difficultés pour lier des relations professionnelles et développe une vision cynique et négative du travail.
L’absence d’accomplissement
Le salarié adopte des postures de dévalorisation, il ne se sent plus capable de répondre aux exigences et ressent une perte de sens dans l’exercice de ses missions professionnelles.
[2] Pour une analyse complète lire « Le syndrome d’épuisement professionnel ou burnout » -Guide d’aide à la prévention -https://travail-emploi.gouv.fr/
[3] . L’épuisement professionnel peut, au même titre que toute autre pathologie psychique, être reconnu comme une maladie d’origine professionnelle depuis la loi relative au dialogue social et à l’emploi du 17 août 2015 (loi Rebsamen).
[4] Les six catégories de facteurs de risque psychosociaux suivantes tirées du rapport Gollac de 2011 :
´ intensité et organisation du travail (surcharge de travail, imprécision des missions, objectifs irréalistes, etc.) ;
´ exigences émotionnelles importantes avec confrontation à la souffrance, à la mort, dissonance émotionnelle ;
´ autonomie et marge de manœuvre ;
´ relations dans le travail (conflits interpersonnels, manque de soutien du collectif de travail, management délétère, etc.) ;
´ conflits de valeurs ;
´ insécurité de l’emploi.
[5] Le coach n’est pas thérapeute. En thérapie comme en coaching, le désir de changement est au cœur de la demande, mais les démarches diffèrent. La thérapie recherche dans le passé, dans l’histoire de vie du patient, l’origine, le “Pourquoi” de son mal-être. Ce processus l’aide à comprendre ce qu’il vit au présent et à “réparer” le passé.). Le coaching se tourne vers le “Comment”. https://www.coachingways.fr/coaching-therapie-4-differences-essentielles/
Rédactrice : Christine MAZE - Coach Actif ECP